Dans le cadre d’un projet de première année de classe préparatoire en MPSI (mathématiques, physique, sciences de l’ingénieur) au lycée Pierre de Fermat à Toulouse, trois étudiantes Candice Mosse, Manon Jamme et Maïlys Martin ont préparé un TIPE (Travail d’Initiative Personnelle Encadré) sur le thème “jeu et sport”, qui est un projet qu’elles présenteront lors des concours aux grandes écoles, d’ici deux ans.
La passion commune de ces trois jeunes filles pour la danse les a réunies autour de la traduction du langage Benesh (notation de danse classique utilisée par les chorégraphes d’opéra entre autres). Elles ont notamment pensé à l’utilisation de l’IA pour y parvenir. Leur code informatique devra être capable, à terme, à partir de vidéos de danse, d’identifier les différents mouvements et de les retranscrire en langage Benesh à la manière d’une partition.
C’est pour les orienter et les accompagner tout au long de ce projet qu’elles ont décidé de faire appel à l’expertise de la communauté de chercheurs d’ANITI. C’est plus précisément Colin Decourt, doctorant, qui accompagne actuellement les étudiantes dans leur projet.
Pour Maïlys, cette expérience leur a permis de développer leur capacité de travail en équipe et de découvrir l’IA, un domaine qui leur était quasiment étranger.
Nous possédons une grande autonomie sur l’orientation du projet, ce qui laisse libre court à notre créativité quant à la finalité de celui-ci (d’ailleurs, nous avons tendance à voir un peu trop grand…). Pouvoir mêler danse et sciences nous tenait particulièrement à cœur et cet algorithme peut réellement servir si nous continuons à développer notre idée jusqu’à en faire un outil pour les chorégraphes.
Je pense que l’IA est l’un des secteurs les plus prometteurs en termes de recherche et d’innovation, mais les conséquences d’utilisations abusives sont encore mal évaluées. C’est pourquoi le métier d’éthicien en IA me semble nécessaire et très intéressant.
Maïlys Martin
Pour Colin Decourt, ce projet fait résonance avec son parcours, lui aussi passé par une classe préparatoire :
J’ai choisi d’accompagner ce projet pour plusieurs raisons. La première est que je suis aussi passé par les classes prépa et j’ai aussi fait un TIPE en informatique. Je me souviens avoir été un peu seul face à mes problèmes, et j’aurais aimé avoir de l’aide et un avis sur mon travail ) ce moment là. Bien qu’apprendre seul soit formateur, cela ne remplacera jamais une aide expérimentée dans le domaine.
La seconde raison est que j’ai trouvé le sujet très intéressant et ambitieux pour des élèves en première année de classe prépa (transcription d’une vidéo de danse en partition à l’aide d’IA). Le sujet étant assez proche de mon champ de compétence (vision par ordinateur), il me paraissait logique d’apporter mon aide et mon expérience dans le domaine.La dernière raison est que malheureusement, les écoles d’ingénieurs en informatique (et la recherche en informatique) sont un peu “boudées” par les femmes. Souvent car l’informatique est perçue comme réservé aux hommes (ce qui n’est pas du tout le cas !). Apporter mon aide était donc un moyen pour moi de les encourager à poursuivre dans cette voie et de leur faire une petite introduction à la recherche.
J’ai commencé à échanger avec Maïlys, Candice et Manon il y a un peu plus de 3 mois (mi avril). L’idée est d’essayer de les accompagner le plus longtemps possible si elles en ont besoin. Je prévois donc de prendre des nouvelles régulièrement, même si je finis ma thèse dans deux mois !
Au travers de ce projet, je pense avoir principalement apporté de la méthodologie pour la résolution de problèmes complexes, quelque chose que l’on apprend généralement en école d’ingénieur. J’ai également transmis quelques fondements de l’intelligence artificielle, autant théorique (comment ça marche) que pratique (implémentation avec des librairies de Deep Learning en langage Python).
Si je devais leur donner un conseil pour la suite, ce serait de ne pas voir trop gros trop vite ! Découper un problème en plusieurs sous problèmes plus simple puis les résoudre un par un. Également de ne pas se décourager si ça ne marche pas toujours et du premier coup, cela fait partie du jeu. Se documenter, poser des questions et faire du mieux que l’on peut. Cela sera toujours récompensé !
Colin Decourt
Maïlys Martin
Candice Mosse
Manon Jamme